LES PÉNITENTS BLANCS de MALEMORT DU COMTAT
– Pourquoi avoir une place des Pénitents à Malemort ?
Parce que Malemort avait une Confrérie de Pénitents Blancs et que leur chapelle était construite à cet emplacement.
– Pourquoi une statue sur le côté de cette place dédiée à « Notre-Dame-de-Pitié » ?
Sur le socle de cette statue il est bien écrit Pitié car c’est le terme utilisé en vieux français pour piété. Ce n’est que plus tard que l’on verra apparaître le mot piété qui conservera les deux sens : il ne s’agira plus alors de simple sentiment mais de vertu.
Généralités sur les Pénitents :
Historique
En 1221, en opposition au concept de « pénitence noire » (fondée sur la flagellation et les mortifications), une bulle du Pape Honorius III met l’accent sur le concept de « pénitence blanche» dans le sens de « don de soi à l’autre : promesse publique de se consacrer à Dieu, dans la charité mutuelle, l’amour du prochain et le refus de la violence, fréquentation des sacrements ».
Définition
Une confrérie de pénitents est une association qui réunit des hommes de religion catholique, dans le but de pratiquer publiquement le culte en portant une tenue spécifique, et de pratiquer également, mais cette fois dans la discrétion, des actes de charité (soins aux malades, enterrements, aide aux personnes en difficulté…). Des siècles plus tard, les femmes créeront leur propre confrérie ou seront agrégées aux confréries masculines.
Organisation d’une confrérie :
La confrérie fonctionne comme une association de notre temps suivant les règles précisées dans les statuts de la confrérie. Le conseil comprend un recteur, un vice-recteur, un lieutenant, un trésorier, un secrétaire, élus.
Chaque année, en principe avant le dimanche de la Pentecôte, dans la chapelle des Pénitents, se tient une assemblée générale pour procéder aux élections, renouveler les membres du conseil et accueillir les nouveaux membres.
Ensuite il est procédé à de nouvelles élections en présence du prêtre et aumônier, pour désigner les autres confrères affectés à d’autres tâches : sacristain, choristes, infirmiers.
Détails vestimentaires
Les membres des confréries sont longtemps exclusivement des hommes, lesquels revêtent, pour leurs manifestations religieuses ou de charité, une robe, très simple, sans forme ni ornement, destinée à dissimuler les différences sociales des vêtements civils. Chaque membre porte une corde en guise de ceinture, symbole d’obéissance aux commandements de Dieu, aux exigences de la foi chrétienne, aux statuts de la confrérie et aux ordres du recteur (ou prieur). Les pénitents portent également une cagoule qui manifeste un souci de modestie individuelle, un désir d’anonymat, afin que la personne assistée ne remercie que Dieu du secours qu’elle reçoit. La couleur de la robe, appelée chemise, froc ou sac varie selon les confréries.
En général, la première confrérie qui se crée dans une ville ou un village prend la couleur blanche, par imitation de la couleur du clergé et attachement au symbole de la pureté. Lorsqu’il se crée une seconde confrérie, elle est en général noire pour se distinguer de la première, puis les confréries suivantes prennent le gris, le rouge, le bleu, sans ordre précis. Les confréries sont placées sous la vigilance de l’évêque du diocèse dans lequel elles ont leur siège et qui autorise leur création.
La première confrérie de pénitents qui sera créée en France, le sera en Avignon le 14 septembre 1226 par le roi Louis VIII qui revêt un habit de toile grise (couleur de la cendre) pour une procession à travers la ville. Le nom de cette confrérie qui existe toujours est « la Dévote et Royale Compagnie des Pénitents Gris d’Avignon »
La Confrérie des pénitents blancs de Carpentras fut fondée en 1585, sous le vocable de « Notre-Dame-de-Pitié » en référence à la Passion du Christ et à la souffrance de la Vierge Marie.
Confrérie des Pénitents Blancs de Malemort
L’Abbé Esprit Flandrin (1587-1636), curé de Blauvac, fut un des quatre fondateurs de la dévote et vénérable Compagnie des Pénitents Blancs, érigée à Malemort le 15 Mai 1622 sous le titre de « Notre-Dame-de-Pitié ». Les règles et statuts de la confrérie furent copiés sur ceux des Pénitents Blancs de Carpentras. Le rôle de la congrégation est de porter secours aux pauvres et aux malades, aux agonisants (avoir un chirurgien !), procéder aux enterrements de leurs membres à partir du lieu d’habitation (donc avoir un fossoyeur).
Les confrères s’assemblèrent d’abord pour dire leurs offices dans la petite chapelle de l’ancien hôpital, « Hôtel Dieu » qui se trouvait à l’emplacement de l’actuelle « place de l’Hôpital », sous l’église paroissiale. Les femmes n’assistent qu’aux offices, sans se mélanger aux hommes : ordre du grand vicaire en 1656. En 1746 : 14 membres, 1755 : 32 membres, et leur nombre ne cesse d’augmenter.
Puis, étant beaucoup trop à l’étroit, ils envisagèrent un nouveau local, une chapelle à l’extérieur des remparts, face à la porte St Félix. Les pénitents blancs (les frères ) se réunissent sur convocation du recteur et au son de la cloche pour les élections ou prendre des décisions : réparation de la cloche, remplacement du calice, acquérir un meuble pour enfermer les chasubles, un pupitre pour le livre de lectures, etc.).
Puis, lorsqu’ils décidèrent de construire leur propre chapelle, cette chapelle fut cédée à la « Congrégation des Filles », d’où son nom toujours usité : la chapelle des Filles.
Monseigneur De Vignoli, évêque de Carpentras leur proposa d’aménager dans la chapelle de la « Congrégation des Hommes » contiguë à la chapelle St Anne, à côté du cimetière du même nom, et de transformer le lieu en une seule chapelle.
Le projet, après quelques travaux et nettoyage, prit forme. Dès lors les deux chapelles se confondirent, la Communauté y maintenant le cimetière, et tout contre les deux chapelles, le cimetière des enfants morts-nés.
La chapelle Ste Anne était située hors les remparts et dans le cimetière du lieu. Elle avait été construite par la Communauté et dédiée à Ste Anne en remerciement de la protection accordée au village lors de la peste de 1587.Le cimetière fut abandonné en 1685. La chapelle Ste Anne est aujourd’hui réduite au bout de l’impasse qui porte son nom, à un petit bâtiment dans le jardin d’une habitation voisine. L’ancien cimetière est devenu « parking de la place des pénitents » après avoir été de longues années, « aire de jeux des enfants » et « étendoir public » pour le quartier.
Le 15 décembre 1761 Monseigneur De Vignoli, évêque de Carpentras posa et bénit la première pierre de la Chapelle des pénitents sur les fondements et extension de la chapelle Ste Anne.
La Chapelle des pénitents blancs fut terminée et inaugurée le 26 juillet 1766.
Pendant les années suivantes, les pénitents ne cessent d’y faire des frais (maçonnerie, peintures) en fonction d’une trésorerie vacillante pour renforcer et embellir la chapelle. On fait appel aux artisans du village : au maçon Balthazar BENOIT, au menuisier Jean-Joseph VEYRIER, on demande à Mr LAMBERTIN, architecte de la ville d’Avignon de venir contrôler la voûte de la chapelle.
1775 – On demande à Jean-Joseph VEYRIER (menuisier) la fabrication des bancs au prix universel de 55 écus monnaye de France.
Les offices
Ils se font toujours au son de la cloche et suivant un protocole strict. Les femmes (ou sœurs) doivent avoir la tête couverte. On commence les offices (ainsi que les réunions) en chantant le « Te Deum » qui est un chant de louange ainsi que diverses oraisons conformément aux statuts de la confrérie.
Les réunions :
Seuls les hommes (ou frères) sont convoqués et délibèrent entre confrères de l’objet de la réunion. «dans la Chapelle des pénitents blancs de ce lieu de Malemort a été convoqué le Chapître de la confrérie au son de la cloche comme de coutume, à la réquisition de frère….X ». Les délibérations mentionnent nominativement tous les frères présents, le recteur ou son suppléant expose le but de la réunion et il est délibéré.
Élections :
Chaque année, pour la fête de la Pentecôte, on procède à de nouvelles élections pour la désignation du recteur, du vice-recteur, du trésorier et des auditeurs des comptes.
Argent :
- Les recettes :proviennent de revenus de pensions (ou dons) des frères, de fondations, de dons : don de conségal (c’est une céréale du terroir de cette époque), de quêtes : quête d’huile, de cocons (de vers à soie), des troncs de la chapelle, de legs, du produit des enterrements, de droits aux nouveaux habitants (?).
-
Les dépenses : divers travaux d’entretien de la chapelle (achat de poutres, de plâtre), achat de cierges blancs ou jaunes, on paye le curé (ou prieur) pour le service de la messe, on paye le sonneur de cloches, on fait une offrande à Notre Dame de Vie.
- L’argent est exprimé « en écus, en livres, sols et deniers, monnaye de France » (monnaie de France,) « car le Comtat Venaissin n ‘est pas encore rattaché à la France. Après la révolution nous aurons les francs et les centimes ».
Lire la suite : ICI
0 commentaires